Si les politiques éducatives mises en place au Cameroun jusqu’ici se sont montrées inefficaces ou, dans certains cas, peu efficaces, c’est en partie parce qu’elles sont implémentées sans une réelle maîtrise des données dans le secteur de l’éducation (c’est du moins l’impression que ça donne). Maîtriser les données relatives au secteur de l’éducation peut contribuer à améliorer quantitativement et qualitativement l’éducation au Cameroun.
Des politiques inefficaces faute de données fiables
Un certain nombre d’initiatives ont été prises ces 10 dernières années dans l’optique de faire du système éducatif Camerounais un système plus efficace, à même de former des citoyens plus aguerris. C’est par exemple le cas du Programme d’Education Bilingue Spécial (PEBS), lancé voici plus de 10 ans déjà.
Dans le cadre de ce programme il était question de sélectionner 60 établissements pilotes sur territoire dans lesquels le programme serait implémenté pour un début. Visiblement, le choix de ces établissements a été effectué sans maîtrise réelle des données sur ceux-ci. Par exemple, au lycée bilingue de Mora dans l’Extrême-nord, le programme a été implémenté alors que non seulement l’établissement n’avait pas suffisamment de salles pour pouvoir accueillir deux autres classes (une 6ème et une form one spéciales) mais en plus, le seul enseignant bilingue en service dans l’établissement était également surveillant général.
Cet exemple montre à suffisance à quel point le manque de données à jour sur l’établissement mentionné était de nature à mettre en péril un programme. D’ailleurs après quelques années d’implémentation, le lycée bilingue de Mora a dû se retirer du programme.
Les données pour améliorer les choses
Si la commission en charge de la sélection des établissements pilotes avait eu en sa possession certaines données telles que le nombre d’enseignants en service au lycée bilingue de Mora avec leurs spécialités, et le nombre de salles de classes disponibles dans l’établissement, elle aurait été plus objective dans le choix de cet établissement pour le programme.
L’importance de l’utilisation des données dans la gestion du système éducatif camerounais n’est plus à démontrer. Les exemples de gestion catastrophique du personnel sont légion. On ne compte plus les cas où des enseignants sont sous-employés parce que trop nombreux dans un établissement tandis que dans un autre, à quelques kilomètres, il n’y en a presque aucun. Pareillement, la gestion des infrastructures pourrait être meilleure si les données étaient disponibles et consultables.
Planification, contrôle et transparence
L’existence et la mise à disposition des données sur l’éducation au Cameroun serait d’autant plus importante qu’elles (les données) faciliteraient non seulement la planification, mais aussi le contrôle pour l’amélioration de la gestion des ressources financières, humaines, infrastructurelles.
Une connaissance de l’évolution de la population d’un établissement au fil des années permettrait d’estimer à quel moment les classes de l’établissement seront surpeuplé, et donc d’anticiper la construction de nouvelles salles. D’un autre côté, si le budget alloué à la construction de ces salles est mal utilisé, il sera aisé de s’en rendre compte après consultation des données, et des dispositions pourront être prises à temps.
Dans un souci de transparence, ces données devront être publiques de préférence sur une plateforme accessible en ligne, ce qui permettra aux parties prenantes de consulter et d’utiliser ces informations en cas de besoin, et bien entendu de « tenir les citoyens informés des progrès de l’éducation » dans le pays.